Où avez-vous mis votre Molière ?
Dans ma bibliothèque, avec le premier, autour d’un miroir qui fait face à l’étagère où sont toutes les œuvres de Molière.
Que représente pour vous ce spectacle, Un fil à la patte ?
Au départ, j’étais furieux de ne pas jouer Bouzin. Quand j’ai appris que c’était Christian Hecq, je me suis incliné parce que je savais qu’il allait déchirer grave, qu’il était la bonne personne. Et puis j’ai appris que je jouais Chenneviette, et aussi Miss Betting. Pour Miss Betting, je savais qu’il ne trouvait personne. C’est un tout petit rôle féminin et il faut être bilingue. Une amie m’a dit « Mais c’est un rôle pour toi ». Alors j’ai pris mon téléphone, j’ai appelé Jérôme Deschamps : « Hallo Jéwome… Miss Betting on the phone ! ». Et j’avais le rôle.
Jouer ces deux rôles, c’était aussi rendre hommage à Hirsch et Charron qui s’inscrivaient contre le politiquement correct ambiant de l’époque. Ils étaient dans la fantaisie. Je veux être dans cette fantaisie-là. On a dit que je jouais le travestissement avec Miss Betting. Mais je voulais juste trouver cette fantaisie. Je joue juste une anglaise. Je suis aussi loin ou aussi proche de Miss Betting que de Chenneviette.
Le travail a été très agréable. La troupe, la technique… Très agréable. De bon ton… Pour ce spectacle, on a tous été porté par les femmes de la distribution, leur énergie leur beauté, leur finesse. Dominique Constanza, Claude Mathieu, Céline Samie, Florence Viala. Florence Viala est une comédienne d’une rare finesse, qui n’en fait jamais trop. C’est parfois un écueil de Feydeau de pousser les comédiens à transpirer. Mais ça n’a pas été le cas. Les femmes de cette distribution nous ont tiré vers le haut, au delà des clichés, des réflexes "à la Feydeau". Il faut aussi rendre hommage aux costumes, à Vanessa Sanino. Quand j’ai enfilé mon costume, paf, c’était réglé, je pouvais y aller et lire le prompteur.
Le personnage de Chenneviette, je me suis dit que c’était un roseau imprécis. Il suit le vent mais jamais tout à fait comme tout le monde. Il est un peu penché. C’est un pique assiette. Le jouer penché, ça a été ma manière de ne pas tomber dans la transpiration.
Un souvenir marquant des 25 dernières années de théâtre ?
J’espère que vous avez du temps, il y en a des tonnes… Le premier souvenir qui me vient à l’esprit, c’est Marina Hands et Michel Piccoli dans Les Géants de la montagne de Pirandello au Conservatoire. Le second, c’est Sylvie Guillem dans Sissi Impératrice chorégraphié par Maurice Béjart à Londres, à Hampton Court. Ce qui m’a marqué dans ces spectacles, c’est, comme le dit François Florent "le i.m. qui manque à mon jeu" : im-parfait, im-pressionnant, im-probable…
Photo : Guirec Coadic
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