Où avez-vous mis votre Molière ?
(Rires) Il est chez moi. Je n’ai pas vraiment encore réfléchi…
Que représente pour vous ce spectacle, Les Trois Sœurs ?
Ca a été une grande aventure théâtrale, humainement et artistiquement. Tellement immense… Je ne sais pas comment le décrire…
Je n’avais jamais joué Tchekhov. Etre avec le grand lecteur qu’est Alain Françon ça m’a permis de me laisser totalement traverser. Le texte m’a bouleversée. C’est à l’épreuve du plateau, du travail, qu’il m’a traversée.
Je ne suis pas une grande lectrice, à la lecture je n’avais pas perçu tout ça. Les auteurs, je les rencontre mieux à l’épreuve du plateau. Avec Alain Françon, qui est capable à travers la lecture de voir des choses, ça a été une vraie expérience. C’était aussi la rencontre avec la troupe. Hélène Surgère, une grande actrice, m’a beaucoup accompagnée, comme tous les autres. Elle était comme une aînée face à son cadet. Elle est morte le jour de l’avant-dernière du spectacle. Et quelque part ça m’a fait sourire d’avoir le Molière car la dernière chose qu’elle m'a dit était qu’elle le souhaitait pour moi. Ce Molière c’est aussi grâce à elle.
Un souvenir marquant des 25 dernières années de théâtre ?
J’ai commencé à huit ans et je n’ai jamais arrêté. C’est une addition de plein de choses mais l’envie de faire du théâtre, c’est le plateau, l’envie d’être au plateau.
Un souvenir particulier c’est la maison Jacques Copeau. J’ai grandi à côté de sa maison. J’ai fait un stage avec Catherine Dastié à la Maison Jacques Copeau. J’avais quinze ans. Pour moi, ça a été la découverte de ce que le théâtre peut réunir. C’était très simple, humain. On buvait du vin des vignerons du village, on allait jouer dans les lavoirs. Et ce rythme était en alliance avec la grande exigence que demande le théâtre. On travaillait beaucoup : le chant, le corps, les répétitions jusqu’à minuit…
C’est ce stage qui m’a fait me rendre compte à quel point j’étais mordue.
photo : Guirec Coadic
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